Annika Bengtzon, vous ne devez pas surement connaitre ce nom et ce titre qui semble sortir tout droit d’un pays lointain et exotique et pourtant, c’est le titre d’une série de téléfilms qui est sortie aux Etats-Unis en 2012 (pour certains épisodes). C’est un téléfilm de genre policier où Annika Bengtzon est le personnage principal en étant une chroniqueuse judiciaire dans la presse écrite. Quand on fait des recherches sur Annika Bengtzon, on ne tombe que sur quelques épisodes, notamment le Testament de Nobel est qui le premier épisode de la série. Même si on ne peut pas parler de série puisque ce sont principalement des téléfilms adaptés, car Annika Bengtzon est basé sur une série de livres écrits par Liza Marklund. Cette auteure est surtout célèbre pour son roman Studio Six (Ce terme est utilisé pour sa phonétique similaire avec un autre terme plus osé).
Plutôt que de parler d’un seul téléfilm, je vais vous parler de la tendance générale de toute la série et attention, il y a une propagande féministe assez impressionnante (production suédoise oblige), mais je vais tempérer mon comportement machiste, car l’approche de ce féminisme est intéressante en soi.
Le scénario concerne simplement Annika Bengtzon qui est une journaliste et chroniqueuse judicaire dans un journal de la presse écrite. On a le classicisme le plus pur du téléfilm, à savoir, une enquêteuse, des puissants méchants et le dénouement final. Ceux qui sont habitués à Navarro ou Derrick ne seront pas dépaysés… Je plaisante, mais on a vraiment le format du téléfilms, car chacun dure dans les 90 minutes.
Etant donné que c’est une production suédoise et qu’elle est tournée en Suède avec des références à cette société, on peut dire que c’est vraiment rafraichissant par rapport aux scénarios habituels des séries américaines. J’ai vraiment aimé cette diversité et c’est une bonne nouvelle que le cinéma scandinave et britannique commence enfin à décoller, car cette hégémonie américaine commence à atteindre ses limites.
Les scénarios de chaque téléfilm sont très diversifiés même si on remarque les mêmes réflexes scénaristiques, notamment si on les regarde à la suite. Les personnages et leurs comportement sont aussi répétitifs. La journaliste se met à enquêter, elle enquiquine le policier chargé de l’enquête (le mec dans l’image ci-dessus), elle se dispute ou se réconcilie avec son compagnon, sa rédaction la fait chier et finalement, on a le dénouement. Comme je l’ai dit, rien de très original, mais l’innovation tient dans les types de crime et les motivations.
Le premier téléfilm que j’ai vu, le Testament de Nobel, place l’intrigue dans l’univers du Prix Nobel (normal puisque c’est en Suède) et on pourrait même dire que c’est évident de la part de l’auteure du livre, mais une bonne intrigue utilise des références qu’elle connait et elle n’invente pas n’importe quoi à la façon des séries d’Hollywood.
L’une des raisons pour lesquelles je déteste cordialement Breaking Bad est sa lenteur et on peut penser que si je ne tiens pas en place dans le format de BB, comment le faire dans Annika Bengtzon ? Le fait est que ces téléfilms possèdent une progression plus lente, mais cette lenteur est pertinente au scénario et en général, Annika Bengtzon possède son propre rythme, un rythme qui est posé et qui prend le temps de développer chaque partie de l’histoire. Même si la lenteur de Breaking Bad n’est pas comparable, je dirais quand même que cette lenteur de BB est artificielle et qu’elle est forcée tandis qu’elle est naturelle dans Annika Bengtzon.
La performance des acteurs et actrices est relativement bonne, mais faut comprendre aussi qu’Annika Bengtzon n’a pas bénéficié d’un gros budget. Chaque téléfilm a couté a environ 15 millions de Couronnes suédoises, soit 2,3 millions de dollars. C’est plus couteux qu’une série, mais celle-ci dure 2 fois plus. Mais pourquoi écrire une critique sur Annika Bengtzon si elle n’a rien d’extraordinaire ? Eh bien, c’est à cause du féminisme que je me fais une joie de dénoncer dans chaque série où je le rencontre, mais cela ne signifie pas que je suis contre ce mouvement, mais juste que parfois, le Lost in Castration est inutile et nuisible au scénario. Et c’est là qu’Annika Bengtzon prend une tournure assez incroyable, car le féminisme à la suédoise est tellement évident qu’il passe totalement inaperçu…. Explication dans le chapitre suivant.
Le féminisme totalement camouflé de la Suède
Je ne suis pas le seul à critiquer le phénomène du féminisme et du Lost in Castration dans les séries et pour cause, le fait est que le phénomène est intégré de manière forcé dans le scénario et que c’est juste pour nous imposer une vision totalement étriquée de leurs idées et une idée qu’on impose est une doctrine et non une idéologie. Et dans les séries américaines, vous avez le féminisme de confrontation, c’est à dire, des personnages féminins qui ont les rôles principaux et qui humilient les personnages masculins en s’efforçant de démontrer leur supériorité. Mon point est qu’elle veulent absolument convaincre, non pas de l’égalité homme/femme, mais d’une supériorité entre le premier et la seconde et là, je suis désolé, mais mon instinct de survie lève tous les boucliers et prépare les canons avec leurs boulets rouges.
En revanche, le féminisme qu’on peut voir dans Annika Bengtzon est tout à faire naturel à tel point que je ne l’ai pas remarqué, car j’étais passionné par l’intrigue. C’est après coup que j’ai analysé les épisodes que je me suis dit : Mais bordel de merde, qu’est-ce que c’est ce Binz et ces clichés féministes à la suite ? Et je vous donne ma liste personnelle sur comment détecter une doctrine féministe dans une série :
- Primo, les personnages principaux sont toujours des femmes
- Secundo, ces personnages principaux féminins sont indépendants et ils ont atteint les sommets de leur discipline
- Tertio, les personnages masculins, s’ils existent, ne sont que des faire-valoir
- Quarto, les femmes sont systématiquement des victimes ou des héroïnes.
Ces quatre critères sont assez flagrants et ils sont communs aux séries américaines. Et c’est pourquoi, je les détecte en quelques minutes et que je met aussitôt la série en question à la poubelle en n’ayant pas oublié de l’exorciser au passage… Mais dans le cas d’Annika Bengtzon, l’approche est plus subtile. On a tous les personnages principaux qui sont des femmes, mais le fait est que leur performance d’actrices est plutôt bonne. Elles peuvent donner la réplique et elles sont assez réalistes en soi. Ensuite, les victimes dans chaque téléfilm sont toujours des femmes et elles sont décrites comme des indépendantes typiques du féminisme de base. On a également les personnages masculins qu’on appellera émasculins tellement ils sont pathétiques !
Un exemple est le compagnon d’Annika Bengtzon qui pourrait entrer comme la définition du paillasson dans le Larousse. La femme libéré selon la culture suédoise est de se foutre complètement de la famille et des enfants. On le voit à plusieurs reprises, car on a également des développements scénaristiques sur la vie personnelle d’Annika Bengtzon.
Mais où le féminisme suédois surpasse celui d’Hollywood est que le premier a donné tous les rôles importants aux femmes. Ainsi, on n’a que des tueuses dans Annika Bengtzon même si on a parfois des commanditaires masculins derrière. Le résultat est que ce n’est pas un féminisme de confrontation, car on n’a pas besoin de prouver une prétendue égalité homme/femme si on se base sur la culture suédoise. Si on doit donner les rôles principaux aux femmes alors on le fait à 100 % !
Au final, on peut dire qu’Annika Bengtzon est une excellente série et qu’elle mérite le détour. Et l’exploit est que malgré le fait que le féminisme transpire à chaque minute de chacun des téléfilms, on n’arrive pas à lui en vouloir face à la qualité globalement bonne des différents épisodes.
Donc, ne le ratez pas si vous tombez dessus, car il vaut vraiment le détour. Mais encore fois, ce n’est pas une œuvre exceptionnelle, mais elle montre qu’on peut faire les choses différemment et c’est assez rare dans les productions Hollywoodiennes pour le souligner.
Ma note personnelle sur Annika Bengtzon est de 7/10.