La banque est un endroit de rêve et de cauchemar selon que l'on soit pauvre ou riche. Le riche est accueilli avec tous les honneurs tandis que le pauvre doit aller à droite et à gauche pour quémander les bonnes clémences de la banque. La banque elle-même est l'instrument ultime du pouvoir avec la capacité de contrôler les moindres gestes de notre vie. Très tôt, nous confions notre vie à la banque en espérant qu'elle nous pourvoira richesse et quiétude. On a tort de penser que l'argent est le maitre de la banque, car la banque ne possède aucun maitre. En fait, l'argent passe par toutes les formes dans une banque du virtuel au papier en passant par le métal de l'or et de la solitude. La religion du veau d'or est personnifiée par la banque et il suffit de voir comment on y entre. C'est dans un sentiment mêlé de crainte et de respect comme lorsqu'on entre dans une cathédrale. Une puissance immatérielle qui rend possible tous nos abus matériels. Notre maison, notre voiture, notre nourriture, l'école de nos enfants appartiennent à la banque puisque c'est le roi crédit qui nous les donnes. Crédit par ci et crédit par là, crédit pour ça et crédit pour rien. Les noms pour les crédits suffiraient à remplir plusieurs volumes comme la vénérée Encyclopédie Britannica qui a disparue pour une forme toujours plus immatérielle. La banque vénère l'argent de toutes ses forces et les prières prennent différents noms tels que chèque, carte de paiement, lettre de change, prélèvement mensuel, et évidemment, les beaux dollars, euros et les foutues livres sterlings. Dans un sentiment de puissance, le client au compte rempli entra dans sa banque. Tout de suite, tout le monde l'accueille avec le sourire et presque une certaine tendresse. Le client riche ne comprend pas que sa richesse fait celle de sa banque, car celle ci fait tout pour qu'il pense le contraire. Le client au compte vide n'est accueilli que par des regards de méfiance et presque de dégout. L'employé qu'il soit caissier ou gestionnaire cherche déjà milles excuses pour rembarrer le pauvre malheureux avec un sentiment qui frise la haine et le dégout face à un mendiant insistant.
D'une certaine manière, la banque est l'expression la plus extrême de l'avidité humaine qui fait partie des péchés cardinaux. La banque peut tout vous donner et vous reprendre. Tout le monde a peur de la banque, les gouvernements n'hésitent pas endetter leurs peuples pour des siècles juste pour sauver une banque. Les policiers savent que la banque cachent toutes les richesses criminelles et inavouables, mais ils garderont le sourire devant le refus du secret bancaire. Que pourrait-ils faire d'autre puisque leur chèque et leur retraite dépendent de la banque. La banque accueille les criminels à bas ouvert, car ceux-ci savent que leur butin sera à l'abri de la loi. Il est rare qu'on voit une croix dans une banque qui ne veut pas se mouiller avec un Christ qui était plus proche des miséreux que des marchands du temple. Mais il est fréquent de voir l'effigie de Ganesh, le Dieu hindou de la richesse, qui trône fièrement derrière les caissiers. Une tête d'éléphant qui garde toute votre vie en mémoire et gare à vous si vous oubliez de respecter le code de déshonneur de la banque. Payez à temps, payez plus, payez, toujours payez. Service par ci, service par là, notification par ci, avertissement par là. Travaillons plus pour faire gagner les banques encore plus.
La banque nous accompagne dans notre vie quotidienne comme un avocat qui nous assisterait, mais qui n'hésite pas pas à se transformer en juge et bourreau quand c'est nécessaire. Une sorte de gardien sombre permanent avec la seule chose du profit en tête et une effroyable propension à l'impitoyabilité dans les moments de stress. Les hommes et les femmes se basent sur leur banque pour satisfaire leur inavouables besoins. Dans une extrême explosion d'émotions, la banque cristallise les moindres sentiments de la nature humaine malgré son apparence de quiétude et austère. La banque commet beaucoup d'injustice pour le profit, mais il arrive que cette injustice se retourne contre elle. Les clients ne peuvent plus payer en masse parce qu'on les a trop étouffés. Le revenu est minimal par rapport aux crédits et la banque ne peut qu'envoyer les hommes en noir pour prendre les clés de votre maison et de votre voiture. Ils vous répondent que ce n'est pas de leur faute, mais que le monde est comme ça. Ils omettent de dire qu'ils ont façonné ce monde qu'ils rendent coupable de leur comportement inique. La banque veut s'occuper de l'humanité toute entière, mais leur comportement est dénué d'humanité dans une sorte de mécanisme sans nom et d'engrenage qui écrase tout sur son passage.
Marcello était un homme affable et un bon vivant. Il avait un bon travail et une famille aimante. Une superbe femme et deux beaux jeunes enfants. Depuis qu'il avait la majorité, il faisait confiance à sa banque qui lui donnait tout ce dont il avait besoin. Il faisait partie des bons clients qui n'ont pas à vérifier leur solde 10 fois par jour parce que tout était réglé comme du papier à musique. La musique était tellement douce pour Marcello qu'il décida d'acheter une maison qui est la consécration ultime pour un homme. Avec une maison, vous prouvez que vous avez réussi et que vous avez laissé votre empreinte sur terre. Un refuge pour votre descendance et vos vieux jours. La banque lui conseilla une superbe maison sur la plage avec une vue imprenable. Le crédit immobilier fut conséquent, mais Marcello avait confiance dans sa musique parfaitement réglée. Mais la caractéristique d'une boite à musique est qu'elle se dérègle forcément un jour. Lundi matin, il alla travailler avec le sourire de rigueur pour les voisins et les amis. Arrivé à son entreprise, il remarqua des voitures noires, mais il n'y prêta pas attention. C'est ensuite qu'il compris que ces hommes était de la banque pour demander des comptes à son patron qui s'était envolé avec une valise pleine de billets pour la Barbade. Dans un sentiment d'incrédulité qui penche vers la folie, la musique de Marcello se dérégla en quelques heures. Il perdit son boulot et il failli même être accusé de crime qu'il n'avait pas commis. Il rentra chez lui dans un sentiment proche de la dépression, il failli craquer, mais il repensa à sa superbe maison sur la plage et se dit que tout irait bien. Le lendemain qui était le premier du mois, sa banque le notifia d'une relance parce qu'un prélèvement sur son crédit immobilier n'avait pas passé puisqu'il n'avait pas empoché le chèque de sa paye. Le surlendemain, la banque l'avertit de son expulsion parce que le loyer n'était pas payé, car Marcello ignorait même que sa maison actuelle était aussi la propriété de la banque. Il réunit sa famille les larmes aux yeux et il leur exposa les faits : Nous Sommes des SDF, s'écria-t-il ! Ils embarquèrent leurs affaires dans un sentiment d'irréalité et ils partirent vivre sous les ponts. Au bout de quelques semaines, la femme fit le trottoir pour donner à manger à ses enfants. Marcello tomba dans l'alcool et la drogue. Les enfants chapardaient ce qu'ils trouvaient et ramenaient ce qu'ils trouvaient comme des trophées de leur pauvreté. Un jour, il fut sobre pour la première fois depuis des mois et il sut que ce qui lui restait à faire. Il vendit sa voiture pour acheter une chose qui lui était nécessaire après d'un individu à la mine patibulaire. Il mit cette chose sous son manteau et il se dirigea vers sa banque. Arrivé à la porte, le gardien sourcilla en voyant ce clochard, mais se rassura en voyant ce fidèle client depuis des années. Il entra dans la banque, s'arrêta au milieu, sortit la mitrailleuse Uzi de fabrication Israélienne et ouvrit le feu à 360 degrés. Les corps tombaient comme des mouches et Marcello riait aux éclats avec chaque balle qui soulageait la trahison et la frustration. Il sentit quelque chose à ses pieds et il vit le sang qui coulait comme une rivière d'une chute de neige déchainée, mais ce sang n'était que le soulagement de son esprit en chute libre. Il se rendit compte qu'il n'avait presque plus de balles et il arrêta d'appuyer sur la détente. Il retourna l'arme contre lui et il fixa des yeux l'immonde idole de Ganesh qui trônait sur le mur principal de la banque et il lui cria : " A ta santé, ma vieille " et le canon du l'Uzi cracha sa haine de métal contre la bouche grande ouverte de Marcello. Les employés de la morgue emportèrent le corps et sa femme ne se rendit jamais compte de ce qui s'était passé trop occupée à se faire tringler par tous les individus imaginables et les enfants firent comme si de rien n'était, car un père qui ne pourvoie rien n'est qu'un parasite dans leur vie grandissante et pleine de promesse. Le gardien de la banque qui était le seul réchappé se rendit dans la fosse commune et il écrit l'épitaphe : Il fit trop confiance à sa banque.
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