3/22/2012

Coup d’Etat au Mali, la mort d’une légende démocratique

 

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Le Mali a connu son premier coup d’Etat après plus de 20 années de processus démocratique et d’alternance au pouvoir. Le capitaine Adama Sanogo qui a pris le pouvoir et a arrêté le président sortant a ainsi ressuscité la plus vieille habitude des Africains, à savoir, des coups d’Etats à répétitions au profit de quelques minorités qui ne sont pas contents du processus démocratique. Pendant les années 1991 et 1992, le président Touré a assuré une partie de la transition de l’époque et il est adulé par une partie de population qui le considère comme un rassembleur tandis que le pays était déchiré par des conflits politiques.

Le Coup d’Etat par définition n’est jamais le fruit d’une révolte populaire, car tous les peuples aspirent à vivre en paix. On remarque également une corrélation flagrante entre les ressources naturelles d’un pays, la faiblesse de son gouvernement et de son influence internationale et sa vulnérabilité face aux coups d’Etats militaires. Le fait est que le Coup d’Etat au Mali est un exemple flagrant du blocage de la démocratie initiée par les institutions internationales et des intérêts privés qui se soucient de la démocratie comme de leur première chemise.

Malgré le fait que le Mali possède d’immenses ressources naturelles, notamment le coton et l'or, le pays est toujours classé parmi les nations très très pauvres. La faute à une démographie galopante, une mauvaise répartition des richesses, à la paupérisation de la population et à une corruption d’un niveau inégalé. Le président Amadou Toumani Touré a préféré un gouvernement de technocrates et il a utilisé des processus de consensus pour ramener un peu d’ordre dans ce tout ce bordel. La priorité était le désenclavement de cet immense pays et l’accès au service de base à la population avec la santé, l’éducation, le logement et le travail pour les jeunes. Cependant, le Coup d’Etat au Mali s’explique aussi par ses problèmes frontaliers, notamment les crises répétitives en Cote d’Ivoire qui génèrent un afflux constant de réfugiés qui fragilisent une économie qui est déjà très inégale. Par ailleurs, le Mali fait aussi face à une invasion de criquets qui décime son agriculture depuis quelques années.

Ce Coup d’Etat au Mali est d’autant plus dramatique et affligeant puisque le président Touré allait quitter volontairement le pouvoir dans les 30 prochains jours. On dirait que les intérêts occultes sont à l’œuvre pour détruire un processus démocratique qui a pris tellement de temps à se mettre en place.

Le Niger, La Guinée, Madagascar et une tentative au Burkina Faso, voici les pays qui ont connus des Coups d’Etats en l’espace de ces trois dernières années. Si on étudie la situation actuelle de ces pays, on se rend compte que leur population est plongée dans l’enfer de la pauvreté à cause de leurs Coup d’Etat. Un coup d’état est l’acte le plus grave d’une constitution, il détruit tous les principes et les textes de loi qui régissent le pays de la Cour Suprême jusqu’aux surveillant de quartier. Après un coup d’état, une culture d’impunité et de méfiance se met en place aggravant les choses. Le Coup d’Etat du Mali montre également la faiblesse de l’Afrique à embrasser la démocratie. Le problème est la lutte impitoyable des multinationales et des pays occidentaux pour contrôler les ressources naturelles qui feront l’objet de grands conflits dans les années à venir. Un pays qui n’a pas les moyens de protéger ses ressources naturelles avec sa force politique et sa richesse nationale n’a aucune chance de gagner contre ces intérêts occultes qui s’appelaient autrefois la Francafrique, mais dont les noms actuels prennent diverses formes pour tromper sur leurs intentions et pour passer inaperçu.

Quand on parlait de démocratie en Afrique, le nom du Mali venait immédiatement à l’esprit, mais il est triste de constater que les démons du passé sont de retour pour dévorer les fruits de la prochaine génération sans se préoccuper des centaines de cadavres qu’ils laisseront derrière eux !