Les vertus se perdent dans l’intérêt comme les fleuves dans la mer.
On est quelquefois un sot avec de l’esprit, on ne l’est jamais avec du jugement.
L’amour-propre est le plus grand de tous les flatteurs.
Quelque découverte que l’on ait faite dans le pays de l’amour-propre, il y reste encore bien des terres inconnues.
L’amour-propre est plus habile que le plus habile homme du monde.
La passion fait souvent un fou du plus habile homme et rend souvent les plus sots habiles.
Quelque soin que l’on prenne de couvrir ses passions par des apparences de piété et d’honneur, elles paraissent toujours au travers de ces voiles.
La clémence de princes n’est souvent qu’une politique pour gagner l’affection des peuples.
Cette clémence dont on fait une vertu se pratique tantôt par vanité, quelquefois par paresse, souvent par crainte et presque toujours par tous les trois ensemble.
La modération des personnes heureuses vient du calme que la bonne fortune donne à leur humeur.
Nous avons tous assez de force pour supporter les maux d’autrui.
Il faut de plus grandes vertus pour soutenir la bonne fortune que la mauvaise.
Le soleil ni la mort ne se peuvent regarder fixement.
Si nous n’avions point de défauts, nous ne prendrions pas tant de plaisir à en remarquer dans les autres.
L’orgueil se dédommage toujours et ne perd rien lors même qu’il renonce à la vanité.
Si nous n’avions point d’orgueil, nous ne nous plaindrions pas de celui des autres.
Nous promettons selon nos espérances, et nous tenons selon nos craintes.
L’intérêt parle toutes sortes de langues et joue toutes sortes de personnages, même celui de désintéressé.
Nous n’avons pas assez de force pour suivre toute notre raison.
La sincérité est une ouverture de coeur. On la trouve en fort peu de gens ; et celle que l’on voit d’ordinaire n’est qu’une fine dissimulation pour attirer la confiance des autres.
La vérité ne fait pas tant de bien dans le monde que ses apparences y font de mal.
Si on juge de l’amour par la plupart de ses effets, il ressemble plus à la haine qu’à l’amitié.
Il n’y a que d’une sorte d’amour, mais il y en a mille différentes copies.
Il est du véritable amour comme de l’apparition des esprits : tout le monde en parle, mais peu de gens en ont vu.
Les hommes ne vivraient pas longtemps en société s’ils n’étaient les dupes les uns des autres.
Plus on aime une maîtresse et plus on est près de la haïr.
Les défauts de l’esprit augmentent en vieillissant comme ceux du visage.
Nous sommes si accoutumés à nous déguiser aux autres qu’enfin nous nous déguisons à nous-mêmes.
On fait souvent du bien pour pouvoir impunément faire du mal.
Il suffit quelquefois d’être grossier pour n’être pas trompé par un habile homme.
La faiblesse est le seul défaut que l’on ne saurait corriger.
On parle peu quand la vanité ne fait pas parler.
Un homme d’esprit serait souvent bien embarrassé sans la compagnie des sots.
Peu de gens sont assez sages pour préférer le blâme qui leur est utile à la louange qui les trahit.
Il y a des reproches qui louent, et des louanges. qui médisent.
Il est plus facile de paraître digne des emplois qu’on n’a pas que de ceux que l’on exerce.
Le monde récompense plus souvent les apparences du mérite que le mérite même.
On ne méprise pas tous ceux qui ont des vices ; mais on méprise tous ceux qui n’ont aucune vertu.
Il n’appartient qu’aux grands hommes d’avoir de grands défauts.
Celui qui croit pouvoir trouver en soi-même de quoi se passer de tout le monde se trompe fort ; mais celui qui croit qu’on ne peut se passer de lui se trompe encore davantage.
Les faux honnêtes gens sont ceux qui déguisent leurs défauts aux autres et à eux-mêmes. Les vrais honnêtes gens sont ceux qui les connaissent parfaitement et les confessent.
La folie nous suit dans tous les temps de la vie. Si quelqu’un paraît sage, c’est seulement parce que ses folies sont proportionnées à son âge et à sa fortune.
Qui vit sans folie n’est pas si sage qu’il croit.
Il n’y a guère d’homme assez habile pour connaître tout le mal qu’il fait.
Il y a des gens qu’on approuve dans le monde, qui n’ont pour tout mérite que les vices qui servent au commerce de la vie.
Il y a des méchants qui seraient moins dangereux s’ils n’avaient aucune bonté.
Il est impossible d’aimer une seconde fois ce qu’on a véritablement cessé d’aimer.
Le mérite des hommes a sa saison aussi bien que les fruits.
Assez de gens méprisent le bien, mais peu savent le donner.
Quelque bien qu’on nous dise de nous, on ne nous apprend rien de nouveau.
Nous pardonnons souvent à ceux qui nous ennuient, mais nous ne pouvons pardonner à ceux que nous ennuyons.
Il arrive quelquefois des accidents dans la vie, d’où il faut être un peu fou pour se bien tirer.
Les personnes faibles ne peuvent être sincères.
L’esprit de la plupart des femmes sert plus à fortifier leur folie que leur raison.
La plupart des hommes ont comme les plantes des propriétés cachées, que le hasard fait découvrir.
Un honnête homme peut être amoureux comme un fou, mais non pas comme un sot.
Nous ne louons d’ordinaire de bon coeur que ceux qui nous admirent.
On sait assez qu’il ne faut guère parler de sa femme ; mais on ne sait pas assez qu’on devrait encore moins parler de soi.
Il y a peu d’honnêtes femmes qui ne soient lasses de leur métier.
La plupart des honnêtes femmes sont des trésors cachés, qui ne sont en sûreté que parce qu’on ne les cherche pas.
Il n’y a guère de poltrons qui connaissent toujours toute leur peur.
Les esprits médiocres condamnent d’ordinaire tout ce qui passe leur portée.
On donne des conseils mais on n’inspire point de conduite.
Un sot n’a pas assez d’étoffe pour être bon.
Si la vanité ne renverse pas entièrement les vertus, du moins elle les ébranle toutes.
Ce qui nous rend la vanité des autres insupportable, c’est qu’elle blesse la nôtre.
Nous n’avons pas le courage de dire en général que nous n’avons point de défauts et que nos ennemis n’ont point de bonnes qualités ; mais en détail nous ne sommes pas trop éloignés de le croire.
De tous nos défauts, celui dont nous demeurons le plus aisément d’accord, c’est de la paresse ; nous nous persuadons qu’elle tient à toutes les vertus paisibles et que, sans détruire entièrement les autres, elle en suspend seulement les fonctions.
Il y a du mérite sans élévation, mais il n’y a point d’élévation sans quelque mérite.
Nous arrivons tout nouveaux aux divers âges de la vie et nous y manquons souvent d’expérience malgré le nombre des années.
Nous aurions souvent honte de nos plus belles actions si le monde voyait tous les motifs qui les produisent.
Le plus grand effort de l’amitié n’est pas de montrer nos défauts à un ami ; c’est de lui faire voir les siens.
Quelque honte que nous ayons méritée, il est presque toujours en notre pouvoir de rétablir notre réputation.
Les fous et les sottes gens ne voient que par leur humeur.
L’esprit nous sert quelquefois à faire hardiment des sottises.
En amour celui qui est guéri le premier est toujours le mieux guéri.
Nous pouvons paraître grands dans un emploi au-dessous de notre mérite, mais nous paraissons souvent petits dans un emploi plus grand que nous.
Toutes les passions nous font faire des fautes, mais l’amour nous en fait faire de plus ridicules.
Peu de gens savent être vieux.
La plupart des amis dégoûtent de l’amitié et la plupart des dévots dégoûtent de la dévotion.
Nous pardonnons aisément à nos amis les défauts qui ne nous regardent pas.
La plus véritable marque d’être né avec de grandes qualités, c’est d’être né sans envie.
Il est plus aisé de connaître l’homme en général que de connaître un homme en particulier.
Nous essayons de nous faire honneur des défauts que nous ne voulons pas corriger.
Ce qui rend les douleurs de la honte et de la jalousie si aiguës, c’est que la vanité ne peut servir à les supporter.
Il n’y a point de sots si incommodes que ceux qui ont de l’esprit.
Nos ennemis approchent plus de la vérité dans les jugements qu’ils font de nous que nous n’en approchons nous-mêmes.
Il y a plusieurs remèdes qui guérissent de l’amour, mais il n’y en a point d’infaillibles.
La vieillesse est un tyran qui défend sur peine de la vie tous les plaisirs de la jeunesse.
Il y a de méchantes qualités qui font de grands talents.
Notre envie dure toujours plus longtemps que le bonheur de ceux que nous envions.
Nous avons plus de paresse dans l’esprit que dans le corps.
Quelque méchants que soient les hommes, ils n’oseraient paraître ennemis de la vertu et lorsqu’ils la veulent persécuter, ils feignent de croire qu’elle est fausse ou ils lui supposent des crimes.
On passe souvent de l’amour à l’ambition, mais on ne revient guère de l’ambition à l’amour.
Les querelles ne dureraient pas longtemps, si le tort n’était que d’un côté.
Il ne sert de rien d’être jeune sans être belle, ni d’être belle sans être jeune.
La jalousie est le plus grand de tous les maux et celui qui fait le moins de pitié aux personnes qui le causent.
La modération est comme la sobriété : on voudrait bien manger davantage, mais on craint de se faire mal.
On n’est jamais si malheureux qu’on croit, ni si heureux qu’on avait espéré.
Chaque talent dans les hommes, de même que chaque arbre, a ses propriétés et ses effets qui lui sont tout particuliers.
La modestie, qui semble refuser les louanges, n’est en effet qu’un désir d’en avoir de plus délicates.
Ceux qui sont incapables de commettre de grands crimes n’en soupçonnent pas facilement les autres.
La pompe des enterrements regarde plus la vanité des vivants que l’honneur des morts.
On ne peut répondre de son courage quand on n’a jamais été dans le péril.
Il est plus facile de prendre de l’amour quand on n’en a pas, que de s’en défaire quand on en a.
C’est une preuve de peu d’amitié de ne s’apercevoir pas du refroidissement de celle de nos amis.
On aime à deviner les autres ; mais l’on n’aime pas à être deviné.
C’est une ennuyeuse maladie que de conserver sa santé par un trop grand régime.
Il semble que c’est le diable qui a tout exprès placé la paresse sur la frontière de plusieurs vertus.
On blâme aisément les défauts des autres, mais on s’en sert rarement à corriger les siens.
Ce qui fait tant disputer contre les maximes qui découvrent le coeur de l’homme, c’est que l’on craint d’y être découvert.
On ne donne des louanges que pour en profiter.
On loue et on blâme la plupart des choses parce que c’est la mode de les louer ou de les blâmer.
Force gens veulent être dévots, mais personne ne veut être humble.
L’humilité est l’autel sur lequel Dieu veut qu’on lui offre des sacrifices.
Il faut peu de choses pour rendre le sage heureux ; rien ne peut rendre un fol content ; c’est pourquoi presque tous les hommes sont misérables.
Un véritable ami est le plus grand de tous les biens et celui de tous qu’on songe le moins à acquérir.
Il est quelquefois agréable à un mari d’avoir une femme jalouse : il entend toujours parler de ce qu’il aime.
Il est quelquefois agréable à un mari d’avoir une femme jalouse : il entend toujours parler de ce qu’il aime.
L’enfer des femmes, c’est la vieillesse.
Nous aurions souvent honte de nos plus belles actions si le monde voyait tous les motifs qui les produisent.
Comment prétendons-nous qu’un autre garde notre secret, si nous n’avons pu le garder nous-même ?
La vertu n’irait pas loin si la vanité ne lui tenait compagnie.
C’est une grande folie de vouloir être sage tout seul.
Il arrive quelquefois des accidents dans la vie d’où il faut être un peu fou pour se bien tirer.
La jalousie naît toujours avec l’amour ; mais elle ne meurt pas toujours avec lui.
Les vieillards aiment à donner de bons préceptes pour se consoler de n’être plus en état de donner de mauvais exemples.
Quand on ne trouve pas son repos en soi-même, il est inutile de le chercher ailleurs.
Les vices entrent dans la composition des vertus, comme les poisons entrent dans la composition des remèdes.
Il y a de bons mariages, il n’y en a point de délicieux.